Les prisonniers de Nosy Lava

Nosy Lava, île située à 25 kms au large d'Analalava, nord-ouest de Madagascar. Une maison de force y fut construite en 1911 par les français. Suite à un reportage d'un journaliste malgache intitulé « Les damnés de la Terre » publié en 1998 puis à un film dont le même Rivoherizo Andriaoto fut le réalisateur, l'ensemble des bagnards incarcérés avant l'indépendance du pays qui avaient purgé plus de dix fois leur peine ont été libérés.Le bagne fut officiellement fermé en 2002.
Aujourd'hui ils sont neuf. Certains sont là depuis plus de trente ans. Meurtriers ou « dahalos »(voleurs de zébus), ils ont tous été condamnés aux travaux forçés à perpétuité. Leur famille pense qu'ils sont morts au bagne. Ils ne la voient donc plus depuis longtemps. L'administration pénitentiaire n'ayant plus les moyens d'entretenir ces détenus considérés comme peu dangereux, ils doivent se débrouiller seuls pour vivre; c'est par le troc qu'ils arrivent à s'en sortir. Certains sont ouvriers-pêcheurs pour des habitants du village situé à l'autre extrémité de l'île tandis que d'autres cultivent du manioc sur l'ex camp pénal ou distillent le toka gasy, le rhum local dont tous sont de gros buveurs.
Un gardien? Il a disparu depuis deux ans en moneyant vraisemblablement son départ au chef de la prison d'Analalava pour être remplaçé par un... détenu gardien des ruines de son ancien bagne. Les autres sont eux-même gardiens du camp pénal, des zébus, des cocotiers.
Officiellement, l'île compte encore une quarantaine de détenus. Les neufs encore présents sur l'île, n'ayant pas pu payer le chef de la prison d'Analalava pour gagner leur liberté, tentent en vain depuis des années des demandes de grâce auprès du président de la République. Demande qui devrait être appuyée par le chef de la prison d'Analalava. Le président, déjà pris dans une crise politique qui s'éternise sait il déjà que ce statut si particulier existe sur son île?.
Décembre 2009.